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"C'est un constat, la psychanalyse guérit" J.D Nasio

Le 10/10/2017

Fort de ses cinquante et une années de pratique du divan, le docteur Juan-David Nasio, psychiatre de formation, s’insurge contre une vision aujourd’hui fréquente de la psychanalyse, considérée comme une simple méthode de connaissance de soi incapable de mener à la guérison. Dans son dernier essai Oui, la psychanalyse guérit (Payot), il explique les ressorts du travail thérapeutique et le vécu de l’analyste. Passionnant.

Psychologies : Le titre de votre livre résonne comme un cri du cœur. Pourquoi insister autant sur les pouvoirs curatifs de la psychanalyse ?

Juan-David Nasio : Aujourd’hui la psychanalyse est malmenée, critiquée de toutes parts. Or je ne cesse de recevoir des lettres d’anciens patients autrefois très mal en point, qui me disent qu’ils vont mieux, qu’ils ont réussi à se marier, à avoir des enfants, à faire carrière. Par conséquent, c’est un constat issu de décennies de pratique : la psychanalyse guérit. Elle n’est pas un exercice intellectuel, comme on le pense trop souvent, ni un simple réconfort. Elle supprime les symptômes handicapants, elle produit un changement profond de la personnalité, une transformation du regard que le patient porte sur sa souffrance, sur lui-même. A la fin d’une analyse, il s’aime différemment et se sent suffisamment sûr de lui pour ne plus avoir peur de l’autre. Longtemps, c’est vrai, les psychanalystes ont répugné à parler de « guérison », afin de se démarquer du modèle médical classique et souligner que la psychanalyse était à part. Or la psychanalyse est un traitement administré jusqu’à ce que la personne aille mieux, on parle de « cure analytique ». Freud a toujours employé le terme de guérison. D’ailleurs pourquoi entreprendre une analyse, si ce n’est pour guérir - pour aller mieux, se transformer - devenir capable d’aimer et de travailler ?

 

Psychologies : Certains estiment que c’est d’abord la relation qui se noue entre le patient et le psychanalyste qui lui permet de guérir. Etes vous d’accord ?

Juan-David Nasio : C’est un peu court comme explication. Je dirais plutôt que ce sont les émotions intenses qu’elle produit - amour, haine, frustration -, qui ont un effet thérapeutique. Et surtout, la fusion d’inconscient à inconscient qu’elle induit. Dans mon livre, je me suis efforcé d’expliquer comment je travaille, avec ma tête, et avec mes émotions. Il s’agit d’entrer dans le monde intérieur du patient. Et il convient pour cela d’être curieux, mû par la soif d’apprendre. Impossible d’être thérapeute si l’on ne s’intéresse pas aux autres, à leur intériorité psychique. Et c’est vrai pour toutes les formes de psychothérapies. Peu importe la technique, l’école à laquelle vous appartenez : il faut s’engager émotionnellement, être totalement disponible à la relation. Ressentir en soi-même les souffrances infantiles du patient, les douleurs qu’il a lui-même oubliées, et les lui restituer (« Voilà ce que vous avez probablement ressenti quand vous étiez petit »). Quand il parle, se dessine dans mon esprit une idée des traumatismes qu’il a vécu, des carences dont il a souffert.

 

Psychologies : Mais comment savez vous que vous n’êtes pas en train de projeter sur lui vos propres fantasmes ?

Juan-David Nasio : C’est un vrai problème. Je pense pouvoir m’appuyer sur trois critères. D’abord, face à l’émergence de fantasmes fondamentaux du patient, je suis surpris, c’est de l’ordre de l’inattendu. Ensuite, je ressens une légère dépersonnalisation. Enfin, quand je fais part au patient des éléments que j’ai captés, il acquiesce immédiatement, sans réserve. 

 

Psychologies : Comment orientez-vous le patient dans la bonne direction, pour lui permettre de changer ?

Juan-David Nasio : Il y a plusieurs façons d’intervenir que j’expose dans ce livre. Déjà, lors du premier entretien, je propose au patient une nouvelle manière d’interpréter ses troubles - ce que j’appelle une « rectification subjective ». Au fur et à mesure qu’il s’exprime lors de cet entretien inaugural, je perçois plus ou moins clairement ce qui lui pose problème. Je lui en fais part : c’est une façon de traduire en mots ce qu’il vit, ce qu’il ressent confusément sans pouvoir le verbaliser. Et il se produit aussitôt un effet d’allègement : « Enfin, quelqu’un en ce monde, est en mesure de me comprendre », pense-t-il. Ensuite, il existe un procédé, la « prosopopée », qui permet de donner la parole aux personnes qui ont déterminé le destin du patient et qui peuplent ses fantasmes inconscients. Je deviens, par exemple, la mère, à l’origine du tempérament inquiet de son fils, et qui le déplore - « Plus mon fils se blottissait contre moi, plus je lui transmettais mon anxiété ». C’est une phrase qui s’est imposée à moi, face à un patient si mal qu’il ne pouvait quitter sa chambre. Au lieu d’expliquer platement – « vous êtes angoissé à cause de votre mère anxieuse », j’ai produit une fiction, un dialogue qui l’a touché.

 

Psychologies : Le corps ne joue-t-il aucun rôle ?

Juan-David Nasio : Si bien sûr. L’analyste travaille aussi avec son corps. C’est ce que je nomme « l’interprétation gestuelle ». Un exemple, pour faire émerger le fantasme inconscient d’un patient qui ne sort pas de sa chambre et se calfeutre chez lui, je me lève, j’ouvre et je ferme une fenêtre. Il m’explique alors que lui, s’y prend autrement. Et il me le montre. Ces gestes permettront de mettre à jour un fantasme d’assassinat. Les interprétations qui produisent un effet sont celles qui, émotionnellement chargées, parlent directement à l’inconscient.

 

Psychologies : C’est donc l’émotion qui guérit ?

Juan-David Nasio : Disons qu’il faut de l’émotion et de la compréhension émue. Mais, il faut bien l’avouer, la guérison reste une énigme, un peu comme l’amour. « Que s’est-il passé, qu’ai-je fait, quel est le ressort ultime de la guérison de cette personne ? » Chaque psychanalyste se pose cette question après la dernière poignée de main au patient guéri, qui ne reviendra plus. « Je le pansai, Dieu le guérit » : telle était la philosophie de vie du célèbre chirurgien Ambroise Paré. Je dirais : « J’écoute mon patient avec toute la force de mon inconscient, et c’est l’inconnu qui le guérit ».

 

Interview réalisée par le magazine PSYCHOLOGIES.

 

La culpabilité

Le 21/08/2017

 

La culpabilité limite nos pulsions destructrices

 

La culpabilité est un problème central pour la psychanalyse. Comment naît-elle ? Peut-on en sortir ? Les réponses de Jean-Pierre Winter, psychanalyste et spécialiste des pathologies contemporaines.

Psychologies : quelle est la différence entre la culpabilité au sens juridique et la culpabilité au sens psychanalytique du terme ?

Jean-Pierre Winter : Elle est simple. En droit, on est coupable d’un acte que l’on a commis en transgressant des lois établies. En psychanalyse, on peut se sentir fautif à cause d’un acte que l’on a fantasmé, que l’on a seulement rêvé de commettre.

Inconsciemment, on est coupable de pensées que l’on a eues, et que l’on ignore avoir eues, car elles n’ont jamais accédé à la conscience. Une bonne partie des gens qui viennent en analyse se plaignent d’ailleurs d’une culpabilité dont ils ne saisissent pas la raison.

Comment naît le sentiment de culpabilité ?

Il y a d’abord une culpabilité "originaire", issue de la détresse du tout-petit, trop immature, physiquement et psychiquement, pour réaliser ses envies, se mouvoir, attraper un objet convoité… Il vit son impuissance comme un défaut, dont il se sent coupable et qui le rend haineux vis-à-vis de lui-même. En fait, cette culpabilité liée à l’imperfection et au sentiment d’impuissance nous poursuit, plus ou moins consciemment, notre vie durant.

Apparaît ensuite la culpabilité qui dérive de la sexualité infantile. Le jeune enfant qui se masturbe ne peut se satisfaire totalement. Et, une fois de plus, l’impuissance va se métamorphoser en culpabilité. Devenus adultes, nous convoquons les interdits sociaux, moraux, pour l’expliquer. Or, bien que nous l’ignorions de façon consciente, si la masturbation est source de culpabilité, c’est encore parce qu’elle est insatisfaisante. Elle n’apaise pas l’intégralité de l’excitation sexuelle et nous laisse un peu sur notre faim…

Il existe aussi une culpabilité issue de la phase œdipienne, vers 5 ou 6 ans…

Elle est plus complexe que la culpabilité originaire, parce qu’elle concerne des tiers. L’enfant qui nourrit des fantasmes incestueux à l’endroit du parent du sexe opposé craint les représailles du parent du même sexe. Cette angoisse, dite de "castration", se transforme en culpabilité. Car, inconsciemment, l’enfant se met à désirer la disparition – la mort – du rival, et s’en veut. Mais, selon moi, le sentiment de faute qui s’installe à cette période est essentiellement dû à l’ambivalence affective ressentie par l’enfant à l’égard du parent rival. Incapable de l’aimer ou de le haïr totalement, il se sent en plein désarroi.

Jacques Lacan disait que, ce qui nous conduit à la plus terrible des culpabilités, c’est de renoncer à son désir, c’est-à-dire à nos aspirations les plus fondamentales…

Très souvent, nous y renonçons de peur de perdre l’amour des autres. La vie de couple nous en offre d’excellents exemples. Madame reproche sans cesse à Monsieur d’être absent, pas assez attentif, ou de trop se consacrer à son travail, à ses passions. « Tu ne penses qu’à toi, tu n’es qu’un sale égoïste. » L’homme vit alors un dilemme : « Ou je fais ce que j’ai à faire, et elle me quitte ; ou je renonce, elle m’aime, mais je perds mon désir. » En fait, ce que la plupart des gens ignorent est que, s’ils renoncent à suivre leur voie, ils cesseront d’être aimés car ils auront perdu quelque chose d’eux-mêmes.

Surtout, ils seront persécutés par une culpabilité dont, la plupart du temps, ils ignoreront la cause. Car le surmoi, notre juge intérieur, ne se limite pas à nous poser des interdits. Il nous demande aussi des comptes sur ce que nous faisons de notre vie, de nos désirs.

Comment la culpabilité née du renoncement au désir se manifeste-t-elle ?

Elle n’est pas clairement identifiée. Personne ne se dit jamais : « Je me sens coupable d’avoir renoncé à mon désir. » On se dit même exactement le contraire : « Je me sens fautif, vis-à-vis de ma femme, de ma mère, de ceux que j’aime, de penser autant à moi. » Or, céder sur son désir n’est jamais sans conséquence. En effet, la plupart du temps, lorsque l’on « cède sur son désir », on s’arrange pour se rendre coupables de méfaits qui nous vaudront une punition. Certains vont même jusqu’à devenir délinquants afin d’être enfin châtiés d’avoir trahi leur véritable désir.

Faut-il comprendre que l’on peut se sentir autant coupable d’avoir renoncé à suivre sa voie que de l’avoir suivie ?

Je voudrais nuancer. On ne se sent coupable de suivre ses désirs que lorsque l’on se heurte à une limite morale, lorsque la morale intervient comme frein. Or, nous considérons en fait comme moral tout ce que nos proches ou la société attendent de nous. Dès que nos désirs s’y opposent, nous rencontrons une sorte de barrière, susceptible de nous faire vaciller.

Vous évoquiez les coupables qui agissent mal dans l’espoir d’être punis, mais n’y en a-t-il pas qui, à l’inverse, s’interdisent tout ?

Si, bien sûr. C’est généralement un reliquat de la culpabilité œdipienne. Pour ces sujets, tout ce qui peut ressembler à du plaisir, à la réalisation d’un désir, est aussitôt entaché de culpabilité. Ils stagnent dans des situations amoureuses ou professionnelles qui ne les satisfont pas, c’est plus fort qu’eux : ils n’osent pas bouger. Ce type de blocage explique l’impuissance sexuelle ou l’incapacité à travailler.

De plus, la culpabilité nous fait trouver d’excellentes raisons de ne pas agir, par exemple : « Je ne peux pas entreprendre ce projet, voyager, changer de vie, à cause du manque d’argent. » Mais, du même coup, nous nous sentons doublement coupables. D’une part de renoncer et, d’autre part, d’adhérer à des critères aussi bassement matériels. Au fond de nous, nous savons que nous nous trompons nous-mêmes, même si tous ces motifs semblent très rationnels, bien ancrés dans le réel. Admettons que Vincent Van Gogh se soit dit : « Si je continue à peindre, je vais mourir de faim. »

Eh bien, nous n’aurions aucune toile de lui. Assumant totalement son désir de peindre, il ne se posait pas la question. D’ailleurs, un individu réellement branché sur son désir trouve généralement les moyens matériels, pratiques, de le réaliser, quelle que soit sa situation.

Pourquoi, alors, cherchons-nous à fuir nos désirs, si ce renoncement doit nous culpabiliser ?

Comme nous l’avons vu, nous sommes arrêtés par la peur de perdre l’amour des autres. Mais nos renoncements nous permettent aussi de ne pas voir que, finalement, nos désirs sont peu de chose. Tant que nous sommes loin d’eux, nous pouvons continuer à les magnifier et à nous fantasmer nous-mêmes tout-puissants. Nous connaissons tous de prétendus génies incapables de réaliser quoi que ce soit. Le jour où ils redescendent sur terre et réalisent que concrétiser son désir suppose surtout du travail et des efforts, ils parviennent à s’y mettre. Mais ils saisissent du même coup qu’ils ne sont pas Victor Hugo ou Marcel Proust, seulement eux-mêmes !

Une thérapie permet-elle de sortir de la culpabilité ?

Oui, par un travail progressif de "désidéalisation" : je ne suis pas tout-puissant et mes désirs ne sont pas si merveilleux… Et également en apprenant à repérer nos motivations inconscientes.

Un exemple : je fais une petite méchanceté à quelqu’un et, immédiatement, je me sens coupable. Apparemment, ma culpabilité est la conséquence de mon attitude. Or, en analyse, on réalise souvent que l’on a agi de la sorte pour satisfaire des pulsions hostiles inconscientes et, donc, culpabilisantes. Dès que nous l’avons perçu, nous avons le choix : continuer à se faire plaisir aux dépens de l’autre, ou non. Et quelle que soit l’option choisie, nous vivrons notre culpabilité autrement.

Mais une thérapie ne fait pas totalement disparaître la culpabilité. Elle permet seulement d’aménager un rapport à celle-ci plus supportable. S’en délivrer une fois pour toutes signifierait que l’on a éliminé tout désir. D’ailleurs, socialement, la culpabilité n’est pas inutile puisqu’elle limite nos pulsions destructrices. Le tout est de ne pas en abuser.

 

SURMOI : 


Quand le surmoi nous punit

Pas de culpabilité avant l’apparition, vers 5-6 ans, de cet élément du psychisme que Freud a appelé le surmoi. Ce juge intérieur fixe les frontières entre le bien et le mal, le permis et l’interdit, et fait de nous des êtres moraux. Malheureusement, le surmoi n’est pas objectif. Il nous punit pour les désirs qui contrarient les attentes de nos proches et de la société, autant que pour nos fautes réelles. Pire : il redouble de sévérité quand nous lui obéissons trop. Si, croyant apaiser notre culpabilité, nous devenons des modèles de vertu, le surmoi nous rend immédiatement coupables d’avoir lâchement renoncé à nos désirs. Résultat : ne pas l’écouter du tout fait de nous des psychopathes, mais trop l’écouter transforme notre vie en enfer.

 

 

TEST : 


Souffrez-vous de culpabilité inconsciente ?

La culpabilité inconsciente, par définition, n’est pas clairement éprouvée. Elle n’en est pas moins active. Ses manifestations ont pour effet d’empoisonner l’existence. Il est donc important de savoir la repérer.

Je suis tourmenté par un sentiment de culpabilité si :

• Je choisis régulièrement des partenaires qui ne me comblent pas ou me rejettent.
• Je stagne dans des occupations professionnelles insatisfaisantes.
• Je trouve toujours de bonnes raisons de me priver d’un plaisir.
• Après une réussite, un excellent moment, je m’angoisse.
• Je rate mystérieusement ce que j’entreprends.
• Je me sens contraint de mal agir, puis de payer pour ma mauvaise conduite.
• Je prends des risques inutiles qui mettent ma vie en danger.
• Je me sens indigne des compliments ou des marques d’affection dont je suis gratifié.
• J’ai la sensation que les autres m’en veulent.
• Je ne sais pas dire non.
• J’éprouve le besoin de me sacrifier sans cesse.
• J’ai tendance à développer sans cesse des petits problèmes de santé qui intriguent les médecins.

Si vous reconnaissez comme vôtres plusieurs de ces comportements, vous souffrez certainement d’une bonne dose de culpabilité inconsciente. Mais la repérer ne permet malheureusement pas de s’en soulager. Encore faut-il en trouver l’origine. Et, là, une thérapie s’avère souvent indispensable.

Source: Interview réalisée par le magazine Psychologies ( www.psychologies.com )

 

Traumatisme et descendance

Le 13/07/2017

Les traumatismes vécus par les parents ou les grands-parents laissent-ils une trace à leur descendance ? C'est ce que suggèrent des travaux récents...

Comment le cerveau influence-t-il le comportement ? Les spermatozoïdes peuvent ils être modifiés par l'environnement et transmettre certains caractères acquis à travers les générations ?

Traumatismes en héritage : quels sont les effets de l’environnement et de la culture sur les mécanismes biologiques, en particulier au niveau du cerveau ? Comment ceux-ci peuvent-ils influencer le comportement ? Comment les cellules germinales mâles, c’est-à-dire les cellules de sperme, peuvent-elles être modifiées par l’environnement de façon à transmettre certains caractères acquis à travers les générations ? Chacun de nous est déterminé par nos gènes, on hérite d’un set de gènes paternels et maternels (…), en réalité nous sommes plus que nos gènes, nous sommes une combinaison de gènes qui sont influencés par des facteurs environnementaux, et ils sont nombreux : notre vie, notre comportement, notre physiologie…

 

Traumatismes en héritage

 

Une conférence d'Isabelle Mansuy, neurogénéticienne à l'université de Zürich et à l'école polytechnique fédérale de Zürich, à suivre en cliquant sur ce lien: http://www.franceculture.fr/conferences/palais-de-la-decouverte-et-cite-des-sciences-et-de-lindustrie/peut-souffrir-des

 

Nos mécanismes de défense

Le 07/06/2017

Qu'est-ce qu'un mécanisme de défense? A quoi servent-ils?

Un mécanisme de défense permet à l'Etre humain de faire face aux différents conflits et frustrations qu'il rencontre dans la vie de tous les jours.

En effet, nous sommes quotidiennement confrontés à des situations qui nécessitent une adaptation, et cette adaptation se fait souvent au détriment de nos envies profondes et répond plutôt à des normes sociales, éducatives et morales (non, je ne mets pas ma main dans la figure de mon patron qui vient de me refuser une augmentation!), et des tensions psychiques peuvent apparaître.

Nous allons donc, dans ces moments là, utiliser des mécanismes de défense de manière tout à fait inconsciente, nous permettant ainsi de faire baisser la tension, car le but de ces mécanismes et de maintenir un certain équilibre psychique.

Mais, si à l'origine, l'emploi de ces mécanismes permet de trouver un équilibre, ces mêmes mécanismes peuvent devenir inadaptés, utilisés à mauvais escient et engendrer des conduites pathologiques.

Voici quelques uns de ces mécanismes de défense:

- Le refoulement, qui consiste à rejeter hors du domaine conscient les désirs et pulsions inadmissibles pour le sujet, mais attention, le refoulé cherche toujours à refaire surface.

- Le déplacement, qui permet aux pulsions de se décharger en partie dans une autre situation ou activité ( Ex: un enfant fâché contre ses parents qui lui auront refusé un caprice reportera sa colère contre sa peluche). 

- L'isolation, qui occasionne une coupure (isole) entre un événement traumatique qui a été vécu et ce qui a été ressenti (affect) alors pendant cet événement. La personne pourra raconter ce qu'elle a vécu sans jamais ressentir l'émotion associée, l'affect est bloqué.

- La projection, qui permet au sujet de prêter à quelqu'un d'autre des caractéristiques qui lui appartiennent. Ce mécanisme est également le socle du délire paranoïaque.

- L'identification est le contraire de la projection puisqu'elle consiste à s'octroyer les caractéristiques d'autrui. Ce processus se retrouve dans la construction du sujet, qui enfant, s'identifie à son entourage et en particulier au parent du même sexe.

- Le clivage est typique des personnes qui pensent en terme de tout ou rien, bon ou mauvais, noir ou blanc, il n'y a pas de nuances possibles.

- La formation réactionnelle consiste en la réalisation et l'amplification d'un acte ou d'une pensée totalement opposé de l'original. Un excès de gentillesse peut être une formation réactionnelle consécutive à des intentions hostiles au départ.

- Le déni est le rejet massif d'une réalité trop douloureuse, on l'observe temporairement dans le processus de deuil et systématiquement dans les psychoses.

- La dénégation est l'art de nier tout en le disant! Le sujet émet des souhaits ou des pensées qu'il refuse de reconnaitre (Ex: "Je ne dis pas ça pour me glorifier, mais...")

- La régression s'observe lorsqu'un individu confronté à une situation difficile revient à un fonctionnement infantile.

- La conversion, lorsque le corps sert de support à un conflit, expression d'un symptôme.

- Le retournement sur soi, consiste, comme son nom l'indique, à retourner contre soi-même certaines pulsions agressives, le sujet devient lui-même l'objet de ses attaques (masochisme)

- La sublimation est un mécanisme qui permet au sujet de prendre conscience de sa valeur et lui permet de s'accomplir dans un domaine professionnel par exemple. L'individu qui sublime est plutôt épanoui dans la société. C'est le "meilleur" mécanisme que peut employer un sujet et tout un article pourrait lui être consacré!

Il en existe bien d'autres, je me suis donc cantonnée à quelques principaux mécanismes en les accompagnant d'un rapide descriptif.

L'un des buts de la psychothérapie analytique est de se rendre compte des mécanismes qui nous animent et s'apercevoir s'ils sont adaptés à la situation ou bien "périmés", inappropriés, créant alors plus de souffrance, de dépenses en énergie que d'équilibre.

Pauline Gaudin

 

Les différents "psys"

Le 28/04/2017

Vous êtes un peu perdus devant les différentes appellations de "psys"? Voici un article qui j'espère vous aidera à vous y retrouver.

Le psychiatre, est un médecin qui s'est spécialisé en psychiatrie, il traite généralement les lourdes pathologies, et est le seul habilité à prescrire des médicaments, ses consultations sont remboursées par la sécurité sociale à hauteur de 70% et vous devez passer par votre médecin traitant (sinon vous risquez d'être moins bien remboursés par sécurité sociale) le reste sera à votre charge (à voir avec votre mutuelle). Il peut vous proposer des thérapies comportementales et cognitives ou une psychanalyse à la seule condition d'y avoir été formé en plus de son cursus médical et dans ce cas il pratiquera certainement des dépassements d'honoraires sur lesquels vous ne serez pas remboursés.

Le psychologue a un diplôme universitaire, il travaille soit en libéral soit en institutions (hôpital, centres médico-psychologiques) et possède une spécialité (psychologue clinicien, social, de l'enfance, du travail...), ses séances ne sont pas remboursées (sauf dans le cadre des institutions). Il fait passer des tests, et propose différentes psychothérapies selon sa sensibilité.

Le psychanalyste a étudié dans des écoles spécialisées gérées par des fédérations, il est obligatoire d'avoir effectué une longue analyse personnelle en plus des études théoriques pour être psychanalyste, c'est la condition sine qua non (ce qui n'est pas le cas pour les autres psys), il a donc déjà éprouvé sur lui-même la méthode qu'il propose, et continue de se former en permanence en assistant à des conférences, des séminaires, des ateliers... Ses séances ne sont pas remboursées, mais certaines mutuelles prennent en charge quelques séances.

 

Psychanalyse ou TCC?

Le 26/04/2017

Pourquoi choisir une thérapie d'inspiration analytique et la psychanalyse plutôt qu'une TCC (thérapie comportementale et cognitive)?

Les TCC sont des psychothérapies relativement récentes qui répondent à une demande de notre société actuelle: aller vite

On les appelle d'ailleurs aussi thérapies brèves. Elles proposent donc des raccourcis, et pour ce faire, ne tiennent compte que du symptôme, sans se préoccuper de l'histoire du sujet et de ce qui a pu provoquer ledit symptôme au risque de provoquer un déplacement de ce dernier. Pour illustrer grossièrement mon propos, si vous êtes phobique des araignées ou des oiseaux, vous n'aurez probablement plus peur de ces bestioles mais pourriez soudainement ne plus pouvoir prendre le volant de votre voiture...

Les TCC ne s'occupent pas de la cause de ce qui vous arrive, bien qu'elles puissent vous aider ponctuellement à dépasser un problème mais sans être certain que ce problème ne se déplace par ailleurs.

La psychanalyse ou les thérapies analytiques prennent en compte l'histoire singulière de la personne et ne visent pas à la "reprogrammer", à l'adapter aux standards sociaux en vigueur contrairement aux TCC, mais plutôt à repérer, revivre, comprendre et nommer ce qui fait retour dans l'actuel pour lui donner un sens, ne plus subir et en faire quelque chose.

Ce "travail" d'introspection peut en apparence paraître plus long mais le jeu n'en vaut-il pas la chandelle si la qualité de vie s'en trouve améliorée durablement?